vendredi 2 janvier 2015

J'ai acheté le coran

J'ai acheté le coran, comme beaucoup de gens voulant s'informer un minimum.  Et j'ai été effrayée de ce que j'y ai lu.  De l'image de ce dieu vengeur, rancunier et cruel qu'on y trouve.  Finalement tout à fait comparable à celui de l'ancien testament.

Certains voudraient trouver dans la lecture de ces textes l'explication à la violence des groupes extrémistes. Et on trouve sur les pages de groupes d'athées multitude de publications qui s'en prennent à l'Islam, coupable de tous les maux.

Ces personnes n'auraient-elles pas la mémoire courte ?  Les évangiles, base essentielle de l'église catholique sont pourtant des textes plutôt peace and love.  Quoique, en lisant bien, Jésus n'est pas le doux prophète qu'on veut bien nous présenter.  Il s'en prend aux marchands du temple qu'il chasse à coups de fouets (Jean 2, 13-22) et il promet l'enfer aux pharisiens (Mathieu 23).   Cependant les exhortations à la non-violence sont continuellement répétées par Jésus, le dieu qui s'est fait homme, et elles n'ont absolument pas empêché l'église de commettre des crimes ou de les encourager.  Croisades, inquisition, laxisme vis à vis de l'esclavage  et plus près de nous, complaisance avec un régime aussi criminel que celui de l'Allemagne nazie.  Plus près de nous encore, on peut se poser la question de la passivité, sinon plus, de la hiérarchie religieuse avec la dictature argentine.  Les voix s'élevant lors de l'élection du nouveau pape François à propos de sa  possible compromission avec ce régime se sont très vite tues et on ne cesse de s'émouvoir sur le modernisme de ce pape dont le discours n'a pourtant rien de révolutionnaire.

On parle d'intégrisme.  De prêtres progressistes ou traditionalistes.  Or, s'ils font partie de l'église, ils ne peuvent qu'adhérer à la doctrine, tout entière expliquée dans le Catéchisme de l'Eglise Catholique.  Je me méfie des religieux progressistes.  Ils mentent. J'ai un jour assisté à une cérémonie donnée à l'occasion d'un mariage entre deux divorcés.  Le prêtre était ce qu'on appelle un prêtre moderne.  Dans sa très brève homélie, il a dit "Qui sommes-nous pour juger ?".  Cette phrase qui se veut d'une grande ouverture d'esprit pour un prêtre catholique implique bien qu'il y a là un jugement à rendre.  Il ne lui appartient pas, à lui, prêtre, de le rendre mais bien à dieu.  En cela, il ne fait que respecter la doctrine catholique et mettre bien en évidence que le remariage n'est pas reconnu par son église et que les divorcés "contreviennent objectivement à la Loi de Dieu".

Je me méfie des religieux, parce qu'ils sont hypocrites.  Je les connais, j'ai fréquenté une école catholique tenue par les soeurs de la Providence.  J'y ai été infernale.  Infernale dans la mesure où l'on pouvait l'être dans les années 70.  Pas grossière, pas vraiment indisciplinée.  Mais une emmerdeuse qui remettait en question les vérités établies.  L'abbé qui nous donnait cours de religion m'avait mise dehors.   Je lui avais dit que toutes les religions se valaient et que je le trouvais bien intolérant de croire la sienne supérieure à celle des autres.

Mais j'ai été heureuse dans cette école.  J'y ai eu des professeurs passionnés par leur métier.  Pourtant, je suis tombée de haut, 2 ou 3 ans plus tard quand ma mère téléphona à la soeur directrice pour je ne sais quelle raison.  Et que celle-ci demanda des nouvelles de mes études.  Elle avait conclu l'entretien avec ma mère en disant : "Vous comprenez, Madame, si on a gardé votre fille, c'est parce que c'était une bonne élève."  Cette phrase m'a révulsée.  Ainsi, une autre fille aurait été exclue si ses résultats scolaires avaient été médiocres ?  On m'avait donc acceptée comme élève uniquement parce que je pouvais contribuer à la renommée de l'école par ma réussite dans la suite de mes études ?  C'était cela leur manière d'appliquer la charité chrétienne.  A vomir.

Ainsi, je n'ai aucune confiance dans les religieux.  Et plus leur discours semble modéré et progressiste, plus je me méfie.  Qu'on ne me vante pas le progressisme du nouveau pape.  C'est du pur marketing et son église en perte de vitesse en a le plus grand besoin.   Qu'on ne me propose pas de lire Tariq Ramadan, il maîtrise l'art de la communication à des sommets rarement égalés, il suffit de l'écouter dans un débat.  Jamais un contradicteur ne le prendra de court.  D'ailleurs, je crains que les intellectuels non arabes ne puissent que très difficilement le prendre en flagrant délit de double langage.

Je peux comprendre le croyant sincère qui lit la Torah, la Bible ou le Coran et y trouve des réponses qui l'aident.  On ne juge pas un homme à ses croyances, mais on le juge à ses actes.  Et je me sentirai plus proche d'un chrétien humaniste que d'un athée raciste.  Ce n'est pas le texte qu'il lit mais ce qu'il en fait qui m'importe.

Mais Tariq Ramadan ou le pape François ne sont pas de simples croyants.  Ils représentent un pouvoir religieux, une autorité.  Peu importe le livre saint qu'ils ont choisi, peu importe ce qu'il énonce, ce qui compte, c'est le fait qu'il soit utilisé par des hommes ayant un pouvoir sur les autres.  Quand bien même ce livre prônerait de "tendre l'autre joue" et d'"aimer son prochain comme soi-même" comme dans les évangiles,  un texte dont on prétend qu'il est la loi, la parole, ou la révélation de dieu ne peut qu'autoriser les pires violences lorsqu'un pouvoir s'en réclame pour gouverner un peuple.  Car la loi, la parole ou la révélation venant d'en dieu ne peut en aucun cas être remise en cause.  C'est LA vérité.  La violence est donc inhérente aux textes sacrés, quel que soit leur contenu, puisqu'il ne peut en aucun cas être réfuté.  Et des hommes qui se réclament d'un tel texte pour justifier leur pouvoir sont libres de l'interpréter comme ils l'entendent pour asseoir leur domination.

Ce n'est donc pas contre ces textes qu'il faut lutter, ce ne sont que des histoires écrites par des hommes, il y a des centaines ou des milliers d'années.  Mais contre le pouvoir de ceux qui s'en réclament ou voudraient s'en réclamer pour dicter à tous ce qu'ils pensent être la loi de leur dieu.  Il n'y a donc pas d'alternative.  Il ne peut y avoir de démocratie sans laïcité.



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